J'ai aujourd'hui 31 ans. Je suis née dans un milieu plutôt urbain même si j'ai été sensibilisée très tôt à la nature.
Personne dans ma famille ou mes proches n'est chasseur. Je sais juste que mon grand-père, ouvrier agricole, avait un fusil et ramenait souvent la seule source de viande à la maison le week-end. Il partait régulièrement dans la garrigue sans fusil, mais pour le plaisir de faire travailler ses chiens. Je ne l'ai pratiquement pas connu.
Les gens qui me sont proches sont même plutôt "anti chasse". Pour ma part je l'étais, avant. Et pas qu'un peu.
J'avais une véritable haine en moi, qui n'était pas forcément fondée et justifiée. Mais je voyais les chasseurs comme des clichés, des alcooliques assoiffés de sang en mal de sensations. J'ai insulté des postés en battue au bord des routes.J'ai détruit des miradors. J'adorais les animaux et eux les tuaient, je n'allais pas plus loin.
Puis vers mes 19 ans j'ai travaillé en clinique vétérinaire. Et j'ai été au contact de chasseurs qui venaient comme clients - patients. Gorgée d'aprioris et de mépris au début, j'ai commencé à dialoguer avec eux. J'ai essayé de comprendre. Et surtout j'ai vu l'amour qu'ils avaient pour leurs chiens. Bien souvent considérés comme des membres à part entière de la famille.J'ai compris que pour eux la chasse c'était avant tout un art de vivre, synonyme de convivialité, de partage mais aussi de connaissances. J'ai appris beaucoup auprès d'eux... J'ai commencé à revoir ma façon de penser. Si je peux me le permettre "y'a que les cons qui ne changent pas d'avis" !
Autre constat : j'aime la viande et la viande de qualité. D'ailleurs dans un coin de ma tête je me suis toujours dit que je pourrais être bouchère... Je trouve parfois qu'on s'éloigne des valeurs simples, essentielles avec une société tournée vers la superficialité et la surconsommation. J'aimerai vraiment retrouver des choses plus simples, essentielles. On oublie trop d'où on vient, les valeurs de nos ancêtres. Retrouver ce lien avec la nature, le sauvage.
J'étais une anti et j'adorais manger du gibier.
L'hôpital, la charité me direz-vous...
Aujourd'hui par facilité je mange régulièrement de la viande sous cellophane qu'on a abattue pour moi. Un peu trop facile non ? Souffrant d'une maladie chronique je dois en plus être vigilante sur la qualité des aliments que je consomme. Et je sais combien la viande de gibier est qualitative. J'ai donc commencé à réfléchir aussi sur cet aspect-là. Pourquoi ne pas assumer la mort de l'animal dans mon assiette qui me nourrit et m'apporte les nutriments nécessaires ?
Suite à un changement de vie radical, je me suis installée récemment dans le Médoc. Terre giboyeuse par excellence, j'ai tout de suite été impressionnée par ces territoires. La réflexion a continué à germer...et en novembre 2022 nous avons passé et obtenu notre permis de chasser, en amoureux. Milieu totalement nouveau pour moi, j'ai découvert des formateurs (et donc chasseurs) avec une éthique, une morale et des valeurs. Et surtout intransigeants avec la sécurité.
Ce sont des personnes qui aiment la nature, les animaux et les choses simples...Comme moi ! Ils sont en plus des puits de connaissance en ce qui concerne la faune, la flore, les biotopes... Et ils sont acteurs au quotidien pour l'entretien de la nature dans laquelle j'aime me promener depuis toujours. J'ai gardé un très bon souvenir de mon examinateur qui a été accueillant et bienveillant. J'ai pu également échanger avec d'autres chasseurs sur les réseaux sociaux et ô surprise, bien loin des clichés que je me faisais à une époque, j'ai croisé des gens adorables, passionnés et passionnants.
C'est donc un univers totalement nouveau qui s'offre à moi.
Etant totalement novice, avant de nous équiper, nous allons dans un premier temps accompagner des chasseurs pour observer, apprendre. Je dois dire que je suis attirée par la chasse au petit gibier, je reste admirative du travail du chien qui m'impressionne tellement !
Un jour peut-être je pourrais moi-même parcourir la nature, avec mon propre chien, et suivre les préceptes de mon grand-père. Profiter de la nature, faire plaisir au chien, se faire plaisir et toujours laisser sa chance à l'animal.
Ne pas tirer est un acte de chasse, un de mes premiers apprentissages.
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